
L'immobilier atypique suscite un attrait grandissant auprès des acquéreurs français. Duplex, triplex et lofts représentent aujourd'hui des segments particulièrement dynamiques du marché immobilier haut de gamme. Ces biens non conventionnels répondent à une quête d'espace, de lumière et d'originalité de la part d'une clientèle en quête d'un cadre de vie personnalisé. Entre architecture singulière et volumes généreux, ces logements offrent une alternative séduisante aux appartements classiques, particulièrement dans les centres urbains où l'espace est compté. La valorisation de ces biens ne cesse de croître, portée par une demande soutenue malgré des prix souvent élevés.
L'engouement pour les biens atypiques sur le marché immobilier français
Depuis les années 2000, le marché immobilier français a connu une transformation significative dans les attentes des acheteurs. La standardisation des logements neufs et la monotonie des appartements traditionnels ont progressivement laissé place à un désir d'originalité et d'unicité. Les biens atypiques, autrefois considérés comme des marchés de niche, sont devenus des objets de convoitise pour une clientèle en quête d'un habitat qui lui ressemble et qui exprime sa personnalité.
Cette tendance s'est considérablement accélérée avec la crise sanitaire de 2020. Le confinement a révélé de nouveaux besoins en termes d'espace et de polyvalence des logements. De nombreux Français ont pris conscience de l'importance d'un cadre de vie spacieux, lumineux et modulable. Les biens atypiques, qui offrent généralement des volumes plus importants et des configurations spatiales moins conventionnelles, ont naturellement bénéficié de ce changement de paradigme.
En 2023, selon les données des principaux réseaux d'agences immobilières spécialisées, la demande pour les biens atypiques a augmenté de 28% par rapport à la période pré-Covid. Cette progression est particulièrement notable dans les grandes métropoles françaises, où les contraintes d'espace sont les plus fortes. Paris, Lyon, Bordeaux et Marseille concentrent à elles seules près de 65% des transactions concernant des duplex, triplex et lofts.
Le profil des acquéreurs de ces biens s'est également diversifié. Autrefois réservés à une clientèle d'artistes ou d'architectes, ces espaces atypiques séduisent désormais une population plus large : cadres supérieurs, professions libérales, familles en quête d'espace ou investisseurs à la recherche de biens à forte valeur ajoutée. Cette démocratisation relative n'a toutefois pas entraîné de baisse des prix, bien au contraire. La rareté de ces biens sur le marché maintient une pression haussière sur les tarifs.
La demande pour les biens atypiques s'inscrit dans une tendance sociétale plus large qui valorise l'authenticité, la singularité et l'expérience de vie. Un logement n'est plus seulement un toit, mais un lieu d'expression de soi et de son art de vivre.
Le duplex : caractéristiques architecturales et attractivité commerciale
Le duplex représente l'une des formes les plus courantes de biens atypiques sur le marché immobilier français. Caractérisé par sa répartition sur deux niveaux reliés par un escalier intérieur, il offre une expérience d'habitat qui se rapproche de celle d'une maison individuelle tout en conservant les avantages de la vie en appartement. Cette configuration permet une séparation naturelle entre les espaces jour et nuit, offrant ainsi une meilleure qualité de vie et une intimité accrue pour les occupants.
D'un point de vue architectural, on distingue plusieurs typologies de duplex. Le duplex ascendant, où l'entrée se fait par le niveau inférieur, représente la configuration la plus courante. À l'inverse, le duplex descendant, avec accès par le niveau supérieur, est moins fréquent mais offre souvent des vues plus dégagées. Certains duplex bénéficient également d'espaces extérieurs privatifs comme des terrasses ou des balcons, particulièrement recherchés dans les environnements urbains denses.
Sur le plan commercial, les duplex affichent généralement une prime de prix par rapport aux appartements traditionnels de surface équivalente. Cette valorisation, qui peut atteindre 15 à 20% dans certains quartiers prisés, s'explique par plusieurs facteurs : la rareté de ces biens sur le marché, leur capacité à répondre aux besoins d'espace des familles en milieu urbain, et leur potentiel d'aménagement souvent plus important. En 2023, le prix moyen d'un duplex à Paris oscille entre 12 000 et 18 000 euros/m², avec des pics à plus de 25 000 euros/m² dans les arrondissements les plus prestigieux.
Les statistiques récentes montrent que les duplex se vendent généralement plus rapidement que la moyenne des biens immobiliers, avec un délai de transaction inférieur de 18% à celui des appartements classiques. Cette liquidité supérieure en fait également des investissements attractifs pour les acquéreurs à la recherche d'une plus-value à moyen ou long terme.
Configurations spatiales des duplex parisiens haussmanniens
Dans le Paris haussmannien, les duplex présentent des caractéristiques spécifiques liées à la structure même des immeubles du XIXe siècle. La hauteur sous plafond exceptionnelle (souvent supérieure à 3 mètres) permet des aménagements en mezzanine ou en demi-niveaux particulièrement élégants. La conversion des chambres de service situées sous les combles en espaces habitables a donné naissance à de nombreux duplex dans les étages supérieurs des immeubles haussmanniens.
Ces duplex parisiens se distinguent généralement par leur organisation verticale. Le niveau principal accueille les espaces de réception (salon, salle à manger, cuisine) tandis que l'étage supérieur est dédié aux chambres et salles d'eau. Cette disposition tire parti des caractéristiques structurelles des immeubles haussmanniens : planchers à la française, murs porteurs épais, fenêtres hautes et cheminées d'origine.
L'une des configurations les plus recherchées est le duplex avec terrasse ou balcon filant, généralement situé aux derniers étages des immeubles. Ces biens d'exception, offrant souvent des vues imprenables sur les toits de Paris, constituent le segment le plus valorisé du marché des duplex parisiens, avec des prix pouvant dépasser les 30 000 euros/m² dans les quartiers les plus prisés comme le Marais, Saint-Germain-des-Prés ou le Triangle d'Or.
Aspects juridiques spécifiques aux duplex en copropriété
L'acquisition et la gestion d'un duplex en copropriété présentent des particularités juridiques qu'il convient de maîtriser. La première spécificité concerne le règlement de copropriété, qui doit explicitement autoriser la réunion de deux lots superposés. Dans de nombreux immeubles anciens, des modifications du règlement ont été nécessaires pour permettre la création de duplex, notamment lorsqu'il s'agit de réunir un appartement principal avec une chambre de service située à l'étage supérieur.
La répartition des tantièmes de copropriété constitue également un point d'attention majeur. Un duplex génère souvent des questions complexes en termes de charges : selon qu'il résulte de la fusion horizontale de deux appartements sur un même palier ou de la fusion verticale de deux lots superposés, la contribution aux charges communes peut varier considérablement. Les acquéreurs doivent s'assurer que cette répartition est équitable et conforme aux dispositions légales.
Les travaux d'aménagement ou de transformation en duplex sont également soumis à des contraintes juridiques strictes. Ils nécessitent généralement l'autorisation préalable de l'assemblée générale des copropriétaires, particulièrement lorsqu'ils touchent à des éléments structurels de l'immeuble comme les planchers ou les murs porteurs. L'obtention d'un permis de construire ou d'une déclaration préalable de travaux est souvent indispensable, surtout dans les secteurs protégés au titre du patrimoine.
Valorisation immobilière des duplex dans les métropoles françaises
La valorisation des duplex varie considérablement selon les métropoles françaises, reflétant les dynamiques immobilières locales et les spécificités urbanistiques de chaque ville. À Paris, le différentiel de prix entre un duplex et un appartement standard peut atteindre 25% à surface égale, particulièrement dans les quartiers centraux où la demande est la plus forte. Cette prime s'explique par la rareté de ces biens et leur capacité à répondre aux attentes d'une clientèle exigeante en termes d'espace et de prestige.
À Lyon, deuxième marché immobilier français, les duplex situés dans le Vieux Lyon ou la Presqu'île bénéficient d'une valorisation similaire, avec des prix supérieurs de 15 à 20% à ceux des appartements classiques. La conservation des éléments d'architecture ancienne (poutres apparentes, murs en pierre, traboules) contribue significativement à cette plus-value.
Bordeaux présente une situation particulière, avec une forte valorisation des duplex dans les immeubles en pierre du XVIIIe siècle du Triangle d'Or. La rénovation de ces biens historiques, combinée à un aménagement contemporain, génère une prime qui peut dépasser 30% par rapport aux appartements traditionnels. À l'inverse, les duplex des quartiers périphériques ou des constructions plus récentes affichent des valorisations plus modestes, de l'ordre de 10 à 15%.
À Marseille, le marché est plus contrasté, avec des écarts de valorisation significatifs entre les quartiers. Les duplex du Vieux-Port ou des quartiers historiques comme le Panier bénéficient d'une prime importante, tandis que ceux des arrondissements périphériques connaissent une valorisation plus limitée. La présence d'espaces extérieurs (terrasses, rooftops) constitue souvent le facteur déterminant dans la valorisation des duplex marseillais.
Solutions d'aménagement pour optimiser les deux niveaux d'habitation
L'aménagement optimal d'un duplex repose sur une réflexion approfondie concernant la distribution des espaces et la circulation verticale. L'escalier, élément central du duplex, mérite une attention particulière : au-delà de sa fonction de liaison entre les deux niveaux, il peut devenir un véritable élément architectural structurant l'espace. Les escaliers hélicoïdaux ou suspendus sont particulièrement prisés dans les aménagements contemporains, alliant esthétique et gain de place.
La répartition des fonctions entre les deux niveaux doit répondre à une logique d'usage quotidien. La configuration la plus courante place les espaces jour (salon, cuisine, salle à manger) au niveau inférieur et les espaces nuit (chambres, salles de bains) à l'étage. Cette organisation permet de préserver l'intimité des occupants tout en facilitant la vie sociale. Dans certains cas, notamment pour les professionnels travaillant à domicile, l'intégration d'un espace bureau au niveau supérieur peut offrir l'isolement nécessaire à la concentration.
L'optimisation de la luminosité constitue un défi majeur dans l'aménagement des duplex, particulièrement lorsque la configuration des lieux limite les ouvertures sur l'extérieur. Plusieurs solutions peuvent être envisagées : création de puits de lumière, installation de verrières intérieures, utilisation de cloisons vitrées ou semi-vitrées pour favoriser la diffusion de la lumière naturelle. Ces dispositifs permettent également de renforcer la sensation d'espace et de fluidité entre les deux niveaux.
Le choix des matériaux et des couleurs joue également un rôle déterminant dans la perception des volumes et la cohérence visuelle entre les deux niveaux. L'utilisation de teintes claires et de revêtements réfléchissants au niveau inférieur peut compenser un manque de luminosité, tandis que des matériaux plus chaleureux à l'étage contribueront à créer une atmosphère propice au repos.
Le triplex : rarété et prestige dans l'immobilier de luxe
Le triplex représente l'un des segments les plus exclusifs du marché immobilier français. Défini comme un logement s'étendant sur trois niveaux consécutifs reliés par des escaliers intérieurs, il incarne l'excellence en matière d'habitat urbain. La rareté de ces biens, combinée à leurs caractéristiques architecturales exceptionnelles, en fait des objets de convoitise pour une clientèle fortunée en quête d'un cadre de vie hors norme.
La superficie moyenne d'un triplex dépasse généralement les 200 m², avec des pointes à plus de 500 m² pour les biens les plus prestigieux. Cette générosité spatiale permet une séparation très marquée des fonctions sur les différents niveaux : réception et espaces sociaux au premier niveau, chambres principales et espaces familiaux au deuxième, suites parentales ou espaces privatifs au troisième. Cette organisation verticale offre une intimité incomparable tout en maintenant la cohésion de l'ensemble.
Le marché du triplex se caractérise par son extrême sélectivité, avec seulement quelques dizaines de transactions annuelles dans l'ensemble du territoire français. Paris concentre environ 65% de ces transactions, suivie par la Côte d'Azur (15%) et Lyon (8%). Cette rareté explique les valorisations exceptionnelles de ces biens : à Paris, le prix moyen d'un triplex dans les quartiers prestigieux oscille entre 25 000 et 40 000 euros/m², avec des records dépassant les 50 000 euros/m² pour les biens bénéficiant d'une vue exceptionnelle ou d'une adresse particulièrement prestigieuse.
L'acquisition d'un triplex s'inscrit souvent dans une stratégie patrimoniale à long terme. La stabilité des prix de ces biens, même en période de ralentissement du marché immobilier général, en fait des investissements particulièrement résilients. Leur potentiel de plus-value à long terme est également supérieur à la moyenne du marché, avec une appréciation annuelle moyenne de 3,5% sur les dix dernières années, contre 2,2% pour l'ensemble du marché immobilier de luxe.
Analyse comparative des triplex entre paris, lyon et la côte d'azur
Les différentes métropoles françaises présentent des caractéristiques distinctes en matière de triplex. À Paris, ces biens d'exception se concentrent principalement dans les quartiers historiques et prestigieux comme le Marais, Saint-Germain-des-Prés et les 7e et 16e arrondissements. La configuration parisienne privilégie souvent l'élégance classique, avec des hauteurs sous plafond exceptionnelles au premier niveau, des moulures d'époque restaurées et une intégration harmonieuse des éléments contemporains dans un cadre historique. Le prix moyen d'un triplex parisien oscille entre 3 et 5 millions d'euros, avec des biens exceptionnels pouvant dépasser les 20 millions.
À Lyon, les triplex se concentrent essentiellement dans le Vieux Lyon, la Presqu'île et la Croix-Rousse. Ils se distinguent par leur caractère plus intimiste, souvent nichés dans des immeubles Renaissance ou des anciennes maisons de canuts. L'architecture lyonnaise favorise les volumes verticaux avec des plafonds à la française et des fenêtres à meneaux qui apportent un charme particulier. La valorisation de ces biens reste inférieure à celle de la capitale, avec des prix oscillant entre 8 000 et 12 000 euros/m², mais leur rareté les place parmi les biens les plus prisés du marché local.
Sur la Côte d'Azur, les triplex présentent une configuration différente, privilégiant souvent la vue mer et les espaces extérieurs. À Nice, Cannes ou Saint-Jean-Cap-Ferrat, ces biens d'exception intègrent systématiquement de vastes terrasses ou rooftops aménagés, parfois agrémentés de piscines privatives. L'architecture méditerranéenne influence fortement leur conception, avec une attention particulière portée à la luminosité et à la fluidité entre espaces intérieurs et extérieurs. Les prix peuvent atteindre des sommets, particulièrement à Monaco où certains triplex s'échangent à plus de 100 000 euros/m².
Contraintes techniques et réglementaires pour l'aménagement des triples niveaux
L'aménagement d'un triplex présente des défis techniques considérables, notamment en matière de structure porteuse. La création d'ouvertures dans les planchers pour installer les escaliers nécessite une expertise particulière, surtout dans les immeubles anciens où les planchers à la française peuvent présenter des fragilités. Une étude structurelle préalable, menée par un bureau d'études spécialisé, est indispensable pour garantir la pérennité de l'ouvrage et la sécurité des occupants.
Les contraintes réglementaires constituent un autre enjeu majeur. Dans les centres historiques classés, les interventions sur les façades et les structures sont strictement encadrées par les Architectes des Bâtiments de France. L'obtention des autorisations administratives peut s'avérer complexe et chronophage, avec des délais d'instruction pouvant dépasser six mois. La réglementation thermique pose également des défis particuliers pour ces volumes atypiques, notamment en matière d'isolation et de ventilation.
La circulation verticale représente un point d'attention crucial dans la conception d'un triplex. L'implantation des escaliers doit répondre à des normes précises en termes de dimensions, de garde-corps et de sécurité incendie. L'évacuation des eaux usées et la distribution des réseaux sur trois niveaux requièrent une planification minutieuse pour éviter les désagréments acoustiques et garantir l'efficacité des installations. La réglementation impose également des hauteurs sous plafond minimales pour chaque niveau habitable, ce qui peut contraindre certains projets d'aménagement.
La réussite d'un projet de triplex repose sur une coordination parfaite entre les différents corps de métier et une anticipation rigoureuse des contraintes techniques. L'intervention d'un architecte d'intérieur spécialisé constitue souvent un investissement judicieux pour orchestrer cette complexité.
Profil type des acquéreurs de triplex et critères décisionnels
Le marché des triplex attire une clientèle spécifique, caractérisée par un pouvoir d'achat élevé et des exigences précises. Les statistiques des réseaux immobiliers de prestige révèlent que 60% des acquéreurs sont des chefs d'entreprise ou des cadres dirigeants de grands groupes, souvent âgés de 45 à 60 ans. Les professions libérales représentent environ 20% de cette clientèle, suivies par les personnalités du monde artistique et sportif (12%) et les investisseurs patrimoniaux (8%).
Les motivations d'achat s'articulent autour de plusieurs critères décisionnels. Le besoin d'espace constitue la motivation principale, particulièrement pour les familles nombreuses ou recomposées qui recherchent un cadre de vie urbain sans renoncer au confort spatial d'une maison individuelle. La volonté de distinction sociale joue également un rôle significatif, le triplex représentant un marqueur de réussite dans l'imaginaire collectif. La recherche d'une qualité de vie supérieure, avec des espaces dédiés au bien-être (home cinema, spa privé, salle de sport) complète ces motivations.
Le processus décisionnel de ces acquéreurs se caractérise par une exigence élevée et une patience remarquable. Contrairement aux segments plus standards du marché immobilier, les acheteurs de triplex peuvent consacrer plusieurs années à leur recherche, attendant le bien idéal qui correspondra parfaitement à leurs attentes. Cette patience s'explique par la nature patrimoniale de l'investissement, généralement envisagé sur le très long terme, souvent dans une perspective de transmission familiale.
Les critères rédhibitoires pour ces acquéreurs sont clairement identifiés : absence d'ascenseur pour accéder au premier niveau, vis-à-vis trop marqué, faible luminosité naturelle ou insuffisance des places de stationnement. À l'inverse, certains éléments peuvent accélérer significativement la décision d'achat : présence d'un rooftop privatif, d'une vue exceptionnelle ou d'éléments architecturaux remarquables.
Cas emblématiques : les triplex du triangle d'or parisien et leurs valorisations
Le Triangle d'Or parisien, délimité par les Champs-Élysées, l'avenue Montaigne et l'avenue George V, abrite quelques-uns des triplex les plus prestigieux de France. Ces biens d'exception témoignent d'une valorisation immobilière hors norme et constituent des références pour l'ensemble du marché du luxe. L'avenue Montaigne a notamment vu plusieurs transactions emblématiques ces dernières années, dont un triplex de 600 m² cédé pour 42 millions d'euros en 2021, soit plus de 70 000 euros/m².
Ces biens exceptionnels se distinguent par leur rareté et leurs caractéristiques architecturales uniques. Un cas particulièrement notable est celui du triplex situé au sommet d'un immeuble haussmannien de l'avenue George V, offrant une vue panoramique sur la Tour Eiffel. Entièrement restructuré par un architecte de renom, ce bien de 450 m² comprend un rooftop privatif de 150 m² avec piscine et jardin suspendu. Sa valorisation, estimée à 35 millions d'euros, illustre la prime substantielle accordée aux biens disposant d'espaces extérieurs dans ce segment de marché.
La valorisation de ces triplex d'exception s'appuie sur plusieurs facteurs cumulatifs. L'adresse constitue le premier critère, avec une hiérarchie très précise des rues au sein même du Triangle d'Or. Les prestations techniques (domotique avancée, systèmes de sécurité sophistiqués, installations audio-vidéo) contribuent également à cette valorisation, tout comme l'aménagement intérieur, souvent confié à des décorateurs de renommée internationale. La présence de services associés (conciergerie privée, voiturier, sécurité 24h/24) complète ces éléments différenciants.
La dynamique des prix dans ce micro-marché très sélectif suit une logique propre, relativement déconnectée des fluctuations du marché immobilier général. Même lors des périodes de correction, la valeur de ces biens d'exception tend à se maintenir, voire à progresser, confirmant leur statut d'actifs "refuges" pour les grandes fortunes internationales.
Le loft : reconversion industrielle et nouvelle urbanité
Le loft incarne la quintessence de la reconversion urbaine et du renouveau architectural des anciennes zones industrielles. Défini comme un espace ouvert aux volumes généreux, généralement issu de la transformation d'anciens ateliers, usines ou entrepôts, il symbolise l'évolution des modes d'habiter en milieu urbain. Son succès croissant témoigne d'une nouvelle approche de l'habitat, privilégiant le décloisonnement, la lumière et l'authenticité des matériaux bruts.
L'engouement pour les lofts s'inscrit dans une tendance sociétale plus large, marquée par la valorisation des espaces polyvalents adaptés aux nouveaux modes de vie. Le télétravail, l'essor des activités créatives à domicile et l'aspiration à des espaces de réception généreux ont considérablement renforcé l'attractivité de ces configurations atypiques. Les statistiques récentes montrent une augmentation de 32% des recherches portant sur les lofts depuis 2019, particulièrement marquée chez les 30-45 ans exerçant des professions créatives ou entrepreneuriales.
Le marché du loft se caractérise par une grande hétérogénéité, tant en termes de surfaces que de prix. En 2023, les transactions concernent des biens allant de 80 à plus de 300 m², avec des prix oscillant entre 4 000 et 12 000 euros/m² selon la localisation et la qualité des prestations. Cette diversité reflète la multiplicité des projets de reconversion, depuis la transformation artisanale d'anciens ateliers jusqu'aux opérations d'envergure menées par des promoteurs spécialisés dans la réhabilitation du patrimoine industriel.
La valeur patrimoniale et culturelle du loft dépasse sa simple dimension immobilière. En préservant et réinterprétant le patrimoine industriel, ces reconversions contribuent à la conservation de la mémoire urbaine et à la valorisation d'une esthétique industrielle longtemps négligée. Cette dimension culturelle constitue un facteur d'attractivité supplémentaire pour une clientèle sensible à l'histoire des lieux et à l'authenticité architecturale.
Genèse du phénomène loft : des friches de belleville aux quartiers branchés
Le concept du loft a émergé aux États-Unis dans les années 1960, particulièrement à New York où des artistes s'installèrent dans les anciennes usines désaffectées de SoHo, attirés par les loyers modérés et les volumes exceptionnels. En France, cette tendance s'est manifestée plus tardivement, prenant véritablement son essor au début des années 1980. Les premiers lofts parisiens ont fait leur apparition dans les quartiers périphériques en pleine désindustrialisation, notamment à Belleville, la Villette et le 11e arrondissement.
Cette première vague de reconversions était principalement le fait d'artistes et de créateurs, attirés par les possibilités d'aménagement offertes par ces espaces atypiques et leurs coûts alors abordables. L'absence de cloisonnement permettait d'installer simultanément un lieu de vie et un espace de travail ou d'exposition. Ces pionniers ont contribué à forger l'imaginaire du loft, associé à une certaine bohème artistique et à un mode de vie alternatif.
Au tournant des années 2000, le phénomène a connu une inflexion significative, passant d'une démarche marginale à une tendance immobilière mainstream. Des promoteurs spécialisés ont commencé à acquérir d'anciennes friches industrielles pour les transformer en ensembles de lofts haut de gamme, particulièrement dans les quartiers en gentrification comme le canal Saint-Martin, Oberkampf ou la Bastille. Cette professionnalisation du marché s'est accompagnée d'une forte valorisation financière, transformant le loft en un produit immobilier de luxe.
Aujourd'hui, les anciens bastions industriels comme Montreuil, Saint-Ouen ou Pantin concentrent une part importante des lofts de la région parisienne. La dynamique du Grand Paris, avec ses nouvelles lignes de métro et ses projets urbains ambitieux, a accentué l'attractivité de ces territoires périphériques riches en friches industrielles reconvertibles. Cette expansion géographique s'accompagne d'une diversification des typologies, depuis le micro-loft urbain jusqu'aux vastes espaces familiaux de plusieurs centaines de mètres carrés.
Spécificités constructives des lofts authentiques vs constructions neuves
Les lofts authentiques, issus de la reconversion d'anciens bâtiments industriels, se distinguent par plusieurs caractéristiques constructives spécifiques. Leurs structures portantes reposent généralement sur des poteaux en fonte ou des poutres métalliques apparentes, libérant ainsi l'espace de murs porteurs et permettant de grandes portées. Les planchers, souvent en bois massif ou en béton, présentent une capacité de charge importante, héritage de leur fonction industrielle initiale. Les façades comportent fréquemment de grandes baies vitrées en acier ou des verrières zénithales, garantissant une luminosité exceptionnelle.
La conservation de ces éléments d'origine constitue une plus-value significative pour les lofts authentiques. Les poutres métalliques rivetées, les colonnes en fonte ornementées, les murs de briques apparentes ou les sols en béton ciré témoignent de l'histoire industrielle du lieu et confèrent une âme particulière à ces espaces. La hauteur sous plafond, souvent supérieure à 4 mètres, représente une autre caractéristique emblématique, permettant la création de mezzanines ou l'installation d'équipements volumineux.
À l'inverse, les "lofts" de construction récente, conçus ex nihilo sur le modèle esthétique des lofts authentiques, présentent des caractéristiques constructives très différentes. S'ils reproduisent certains codes visuels (volumes ouverts, matériaux bruts apparents), ils s'appuient sur des techniques constructives contemporaines : structures en béton armé, planchers alvéolaires, façades à ossature métallique. Cette distinction se traduit par des différences sensibles en termes d'ambiance, d'acoustique et de comportement thermique.